Si Abd Al Malik est connu pour ses albums (Dante, Gibraltar et Château Rouge), il est aussi écrivain. Remis en exergue (pour moi en ce qui me concerne), par Grand Corps Malade et son slam, j’ai découvert cet auteur/interprête/compositeur. Titulaire récent du prix Edgard Morin pour son ouvrage, la Guerre des banlieues n’aura pas lieu, mon billet traite de l’ouvrage cité dans le titre.
J’ai flâné dans les rayons libraires de la Fnac toulousaine et je suis tombé sur cet ouvrage. C’est un livre autobiographique qui parle de son enfance, de son adolescence et sa genèse d’adulte à Strasbourg dans les quartiers dits difficiles de la cité. Il décrit sa situation familiale : pas forcément des plus simples. Il raconte ses vols, source d’appartenance à un ou des groupes (sacré Maslow). Il parle enfin de sa rencontre avec l’islam. Au tout début zélé prosélyte au sein du mouvement du Tabligh, il se rend compte qu’un savoir fin de la religion musulmane ne répond pas à sa soif spirituelle.
Délits, dévotion soutenue sont autant de sources pour « être vivant » dans le quartier. Toutefois ces éléments ne répondent pas à la dualité de l’auteur. Qui plus est l’auteur vit par la musique et se voit invité à abandonner sa passion au nom de règles religieuses (ou humaines?)…. L’équilibre entre la vie profane et la vie sacrée oblige Abd Al Malik à jouer les Supermans (je change d’habits et/ou de masques) dans les « cabines téléphoniques ». Cette conciliation est un art subtil car cela oblige parfois à jouer les schizophréniques pour appartenir à tous les groupes en même temps. Mais l’auteur audite sa foi et son parcours de vie avec la raison et sa raison. Et la liaison du coeur et de la raison lui permet d’arriver à une synthèse spirituelle sur une voie plus fine de sa religion et une meilleure connaissance d’Homme et de l’Homme.
Une autre partie de l’ouvrage qui a fait écho en moi à la lecture du livre est la relation « maître/guide ». Je dirais plus personnellement : « accompagnant/accompagné ». Il évoque ainsi cette relation : « un maître spirituel n’est jamais un maître à penser ou un beau parleur mais quelqu’un qui vous nourrit de son flux spirituel». Cela se traduit par une relation de confiance où le premier transmet au second pour que le second construise sa propre vérité. Une question est celle de la transmission (le quoi et le comment). Mais ceci est un autre débat au regard de cet article.
Pour conclure, c’est un libre intelligent à mettre entre toutes les mains notamment celles des jeunes qui se cherchent…