Archive pour la catégorie ‘Spiritualité’

De l’art d’être parent aujourd’hui

Mercredi 18 février 2015

De l’art d’être parent aujourd’hui. «Réflexions très courtes » de Cédric Beucher en vue de la préparation des documents établis dans les paroisses à la demande du Vatican pour le second synode sur la famille.

Je n’interrogerai pas le mot PARENT. Je livrerai simplement en quelques lignes mon sentiment et mon expérience de très très jeune parent sur la société actuelle. J’examine cette situation avec lucidité et réalisme pour éviter toute déconvenue.

Avoir un enfant est pour certain une grâce divine. Je n’en sais rien. Certes quand il est très attendu, il peut-être une grâce. Mais dans les autres cas… Rien ne prépare à l’expérience d’être parent. Ni la littérature en mont, ni celle en aval. C’est l’expérience du forgeron qui bâtit un parent. La parentalité est construite comme le dernier sanctuaire du bonheur moderne auquel il ne faut pas toucher. Tout le monde abonde de conseils mais chaque naissance est unique et chaque relation enfant / parent l’est aussi. La mièvrerie et les conseils de bon aloi sont les ennemis du jeune parent même si ceux qui les prodiguent ont de bonne intentions mais l’enfer en est pavé.

Être parent, c’est mourir pour renaître. Oublier le couple (pour un temps) et naître comme une famille. La recomposition (comme les nouvelles familles d’aujourd’hui) n’est pas forcément chose aisée. Le temps est le « notre meilleur ami » et les aides extérieures sont parfois les plus efficaces que celles intérieures (sa propre famille notamment : cf l’idée sur les conseils évoquée plus haut).

Avoir un enfant a une dimension symbolique forte. C’est changer d’étape et construire une relation longue et éprouvante. Construire avec de l’humain, c’est aussi accepter de lâcher prise. Et c’est éprouvant, voir angoissant, dans une société du contrôle perpétuel où l’excellence est érigée comme valeur suprême.

Je ne veux pas être destructeur mais lucide. Arrêtons d’enjoliver la natalité et la parentalité. Affirmons que c’est un état angoissant et éprouvant. C’est une fois cette base posée qu’il sera possible de construire des parents responsables et aimants envers leur descendance.

En effet, être parent, c’est accompagner. Être le tuteur, guider. Accepter que malgré toute l’instruction et l’éducation que l’on peut donner, l’enfant, l’adolescent puis l’adulte, est un sujet libre en devenir. Nous le sommes tous d’ailleurs jusqu’à notre mort. L’enfant peut tout à fait décider d’aller à l’encontre de tout ce que les parents lui auront transmis. Mais, in fine, si c’est son bonheur, acceptons le !

Pour conclure ces quelques « réflexions très courtes », je dirais qu’être parent n’est pas une sinécure. Faire des enfants ne doit pas être un acte de reproduction biologique ou sociale. Il faut être prêt pour soi, pour le couple et non pour les autres. L’autre (la famille) ne peut être aidant que s’il s’incorpore dans un processus de transmission. Le parent y trouvera alors une aide. Si non, mieux vaut que la famille reste éloignée. C’est une aventure, un marathon humain (encore que la marathon ait une distance limitée : 42 kms et des poussières). Être parent, c’est prendre un chemin dont on ignore la distance à parcourir et où se trouve l’arrivée (même si les outils de guidage peuvent être puissants).

Cédric Beucher


Catho et Geek

Mardi 20 décembre 2011

Être croyant ne veut pas dire être étrange ou en retrait de la société et de ses innovations. J’avais envie de parler dans ce billets de deux applications pour smartphone que j’utilise pour avoir à disposition en temps réel la liturgie quotidienne :

L’une est Prions l’Eglise mise en place par la revue éponyme fonctionnant sous Ios (Iphone et consorts) et l’autre se nomme Evangelizio éditée par le service Evangile au Quotidien fonctionnant sous terminal basé sur Androïd (l’OS pour smartphone développé par Google).

Dans les deux cas, l’application répond à la même finalité : disposer sur un terminal mobile de l’évangile et des lectures du jour, de prières pour accompagner la liturgie quotidienne et des explications sur le saint du jour.

Prions l’église (disponible gratuitement sur le « market place » d’Apple) répond parfaitement aux standards fixés par la pomme (toute application déposée sur le « market » doit être validée par Apple) : ergonomie simple, fluidité dans la navigation, etc. A noter un plus par rapport à Evangelizio : la présence de prières à différents moments de la journée pour accompagner sa méditation basée sur la liturgie. L’application est d’ailleurs un bon complément à la revue papier du groupe Bayard.

Concernant Evangelizio, son principal avantage est lié à Androïd et de fait l’application peut être installée sur tout type de terminal basé sur cet OS et ce quel que soir le fabricant de ce dernierL L’application est elle aussi gratuite. Toutefois l’affichage est optimisé pour un téléphone mobile soit des écrans compris entre 3 et 5 pouces. Il ne faut donc pas s’attendre à un rendu spectaculaire (ou à des miracles) quand on installe l’application sur des tablettes basées sur Androïd. L’application est certes moins esthétique que Prions l’Eglise mais elle répond à ce qu’on lui demande. Sa navigation est un peu moins fluide mais cela n’est pas un handicap.

Capture décran de lapplication Evangelizio

Capture d'écran de l'application Evangelizio ici sur Iphone

J’avais découvert l’application Prions l’Eglise par la revue papier du même nom et Evangelizio grâce à la lecture d’un excellent livre qui fera l’objet d’un billet ultérieur : Dieu et Internet de Jean-Baptiste Maillard.

Être croyant ne signifie être en retrait du monde. Le développement des nouvelles technologies décuplent les possibilités de diffusion. Il existe déjà de nombreuses applications pour le coran et la torah fonctionnant sous les deux OS déjà cités. Toute église ou tout gestionnaire de communautés ne peut ignorer ces nouveaux canaux et se doit donc de les investir et de les intégrer dans une stratégie globale.

Cédric Beucher


Quelques idées de prières pour le carême

Mercredi 6 avril 2011

Le monde

Les éléments ont montré ces derniers temps, notamment en Asie, leur toute puissance. L’homme, malgré tout son génie pour les apprivoiser, n’est finalement que peu de chose et sa puissance en est ébranlée.  Seigneur, aide à nous retrouver l’humilité pour passer du paraître, à l’être et à l’être avec pour un monde apaisé.

La souffrance

Le deuil et la maladie marquent nombre de nos frères et de nos sœurs dans différents lieux de la planète. Le carême, qui précède la période pascale, est un temps pour se recentrer sur la parole du Seigneur, source vivifiante d’amour. Que cette parole calme et le témoignage de chaque chrétien réconforte les maux de nos frères et sœurs dans la peine et la souffrance.

L’église

La famille chrétienne va s’agrandir  lors de la fête pascale. Beaucoup de catéchumènes seront  baptisées. Fais de nous Seigneur des témoins vivants de ta parole pour que nous soyons des accompagnants solides et disponibles pour nos nouveaux frères et nos nouvelles sœurs.

La communauté

Notre communauté se prépare à la fête pascale. Le carême sera marqué par différentes étapes qui nous mèneront vers la Lumière, celle de la résurrection du Christ. Que ce temps de partage soit un temps où les liens entre les membres de notre communauté se fortifient. Nos liens certes, mais aussi les liens qui nous unissent à tous les membres que nous côtoyons au quotidien pour que notre église soit le moteur d’une société plus solidaire.

Cédric Beucher


Qu’Allah bénisse la France d’Abd Al Malik

Lundi 28 février 2011

Si Abd Al Malik est connu pour ses albums (Dante, Gibraltar et Château Rouge), il est aussi écrivain. Remis en exergue (pour moi en ce qui me concerne), par Grand Corps Malade et son slam, j’ai découvert cet auteur/interprête/compositeur. Titulaire récent du prix Edgard Morin pour son ouvrage, la Guerre des banlieues n’aura pas lieu, mon billet traite de l’ouvrage cité dans le titre.

J’ai flâné dans les rayons libraires de la Fnac toulousaine et je suis tombé sur cet ouvrage. C’est un livre autobiographique qui parle de son enfance, de son adolescence et sa genèse d’adulte à Strasbourg dans les quartiers dits difficiles de la cité. Il décrit sa situation familiale : pas forcément des plus simples. Il raconte ses vols, source d’appartenance à un ou des groupes (sacré Maslow). Il parle enfin de sa rencontre avec l’islam. Au tout début zélé prosélyte au sein du mouvement du Tabligh, il se rend compte qu’un savoir fin de la religion musulmane ne répond pas à sa soif spirituelle.

Délits, dévotion soutenue sont autant de sources pour « être vivant » dans le quartier. Toutefois ces éléments ne répondent pas à la dualité de l’auteur. Qui plus est l’auteur vit par la musique et se voit invité à abandonner sa passion au nom de règles religieuses (ou humaines?)…. L’équilibre entre la vie profane et la vie sacrée oblige Abd Al Malik à jouer les Supermans (je change d’habits et/ou de masques) dans les « cabines téléphoniques ». Cette conciliation est un art subtil car cela oblige parfois à jouer les schizophréniques pour appartenir à tous les groupes en même temps. Mais l’auteur audite sa foi et son parcours de vie avec la raison et sa raison. Et la liaison du coeur et de la raison lui permet d’arriver à une synthèse spirituelle sur une voie plus fine de sa religion et une meilleure connaissance d’Homme et de l’Homme.

Une autre partie de l’ouvrage qui a fait écho en moi à la lecture du livre est la relation « maître/guide ». Je dirais plus personnellement : « accompagnant/accompagné ». Il évoque ainsi cette relation : « un maître spirituel n’est jamais un maître à penser ou un beau parleur mais quelqu’un  qui vous nourrit de son flux spirituel». Cela se traduit par une relation de confiance où le premier transmet au second pour que le second construise sa propre vérité. Une question est celle de la transmission (le quoi et le comment). Mais ceci est un autre débat au regard de cet article.

Pour conclure, c’est un libre intelligent à mettre entre toutes les mains notamment celles des jeunes qui se cherchent…


Ne soyons pas ce que nous condamnons !

Vendredi 12 novembre 2010

Toute organisation humaine distille ses normes et ses valeurs. Ces éléments structurants fondent l’assurance, voir la « réassurance » de ces organisations, sa légitimité aux yeux des membres qui la composent ou son « inutilité sociale »… Ériger des principes, valeurs ou normes comme éléments indéfectibles de sa propre constitution tend à des extrémismes que ces mêmes organisations condamnent allègrement.

Tel est le cas de la laïcité. Ce concept induit par définition une non ingérence des affaires religieuses dans les affaires de l’Etat (et inversement). Dans son acception plus commune, il s’agit de faire son affaire personnelle du culte et de ne pas en faire part sur la place publique.

Ces derniers temps la laïcité, valeur intrinsèque de la république française (tout du moins depuis la troisième), est érigé comme un rempart à tous les extrémismes qui parcourent le monde.

Attention à ne pas devenir des fondamentalistes de la laïcité car à condamner ce sur quoi nous jetons l’opprobre, nous risquons de tomber dans les mêmes travers même si le concept défendu peut paraître noble…


Une palme d’or ou une palme de bonze ?

Lundi 20 septembre 2010

Je souhaitais voir ce week-end le film « Des hommes et des Dieux ». Vu l’affluence en arrivant au cinéma, la salle était déjà complète (on arrive aux cinq cent mille entrées au moment de la rédaction de ce billet). Rentré à la maison ? Non. Alors je me suis rabattu sur la palme d’or de Cannes 2010, le film : l’Oncle Boonmee.

Il s’agit d’un film thaïlandais réalisé par Apichatpong Weerasethakul. Cannes, par sa palme, tend à apporter un encouragement politique à une cause ou à un cinéma national en plein développement. Je pense que c’est le cas de cette palme. Le films a duré deux heures et un tiers de la salle est partie dans la séance. Si l’esthétique est superbe et si l’ambiance thaïlandaise est parfaitement restituée, l’histoire n’apporte rien sinon la transcription cinématographique des délires du réalisateur et du scénariste.

Il faut être certainement verser dans le buddhisme pour apprécier la symbolique cachée du film (et encore, il faut être très fort…). Il est possible d’y déceler le décalage de vie entre la campagne et la ville.  Des revenants ou des esprits viennent dialoguer, préparer l’oncle Boonmee et l’accompagne vers la mort. C’est cet accompagnement qui constitue le synopsis du film. Les quelques singes aux yeux rouges qui semblent être des esprits ou des créatures fantastiques accompagnant vers la mort  l’oncle ponctuent le film de leurs présences et confortent le spectateurs dans les délires cités plus haut. Il faut être certainement « wired » thaïlandais pour comprendre toutes les subtilités de cette oeuvre.

En conclusion, et à moins d’être thaïlandais de naissance, cette palme risque de « raser » plus d’un spectateur. Je mets la bande annonce du film. N’hésitez pas à poster des commentaires pour répondre à ce billet et faire part au lecteur du blogue de votre opinion sur ce film.

La bande annonce du film en VO :


Des hommes et des dieux – Un Homme et Dieu

Lundi 13 septembre 2010

Il est des textes qui ne laissent pas indifférents. Lus et relus, ils procurent autant d’émotions à chaque passage de nos yeux sur les lignes imprimées.

Tel est le cas du testament du Père Christian de Chergé, moine à Notre Dame de l’Atlas dans la localité Tibhirine et assassiné en 1996. Ces moines, localisés dans l’Atlas algérien, ont été pris en otage et exécutés. Par qui ? Plusieurs hypothèses : des extrémistes, les services secrets algériens pour faire porter le chapeau au premier, etc.

Je dirai peu importe ici et tel n’est pas l’objet de mon billet. Mon message porte sur les valeurs véhiculées par ce texte. Dans une période tendue, ces moines se savaient en danger et probablement craignaient pour leurs propres vie. Craindre, je ne sais pas. A mon avis, le sacrifice était déjà fait dans le choix de rester au lieu de quitter cette terre.

Ce texte promeut un pardon universel, une sorte d’amour pour un bourreau inconnu  et hypotétique qui aura agit par ignorance ou manipulation. C’est cela qui est magnifie. Je profite du bourdonnement ou buzz – le premier terme est « fortement recommandé » désormais dans la langue française par la commission de la terminologie de Délégation générale de la langue française – de la sortie du film « Des hommes et des dieux » où Lambert Wilson campe le Père de Chergé pour porter à la connaissance du plus grand nombre ce texte ignoré. C’est un appel à la tolérance au-delà de toute situation et à la fraternité (denrée rare dans nos sociétés actuelles).

Lisez ce texte et transmettez le. Il impose, l’humilité,  la réflexion et le silence

Je mets ci-dessous la bande annonce du film :

Bande Annonce du film des Hommes et des Dieux sur Youtube