Un côte d’émeraude livresque 2015

2 octobre 2015

Si l’été est propice aux romans policiers, je me suis inscrit dans la vague et ai lu quelques polars bretons ayant pour cadre la Bretagne, plus précisément la côte d’Émeraude, dont je me fais l’écho ici.

En premier lieu, j’ai eu le plaisir d’acheter le livre Saint Michel, Priez pour eux de Jean-Pierre Alaux. Fin des années 70, Séraphin Cantarel, conservateur au Ministère de la Culture, est envoyé en mission pour préparer le dossier de l’UNESCO d’ajout du Mont Saint-Michel au patrimoine de l’humanité et procéder aux restaurations nécessaires : la flèche et l’archange notamment. Avec son jeune assistant Trelissac, il doit mener à bien cette opération. Mais les ennuis s’amoncellent. L’Amoco Cadiz, énorme pétrolier, vient de faire naufrage. Notre héros craint que sa cargaison vienne souiller la baie. A cela s’ajoute le cadavre revêtu d’une bure semblable aux occupants de l’abbaye. Voilà qui fait du plus mauvais effet ! La presse locale s’empare de l’affaire. Notre héros, aidé de son assistant, réalise à la fois la restauration et l’enquête.

Par un jeu de dialogues savamment construit, l’auteur invite le lecteur a plongé dans l’histoire du Mont-Saint Michel, merveille du monde chrétien occidental. C’est cette Histoire mise en second plan et distillée brillamment dans l’intrigue romanesque qui m’a passionnée. Les péripéties s’enchaînent rapidement ce qui donne à ce roman – à mon sens – le qualificatif de polar historique. N’étant pas un fan des romans policiers ou des polars, j’ai trouvé que la mise en place du décor n’était pas trop longue et que le lecteur rentre vite dans l’enquête, idéal en ce qui me concerne. J’ai plongé dans le Mont grâce à Séraphin (un ange :-) ) et j’ai parcouru ce livre à la vitesse d’un cheval au galop. Sa lecture m’a fait penser – pour le style – à la série de roman Le Saint de X dans le rythme et l’intrique. Dans tous les cas, je me suis régalé !

40 kilomètres plus loin, vers l’ouest (rien de nouveau), moins à vol d’oiseau, rien ne va plus à Cancale. En moins de trois semaines, deux personnes décèdent après avoir mangé des huîtres empoisonnées, une troisième en réchappe de peu. Dans la perle noire de Cancale, Anne Chambrin nous entraîne dans l’univers ostréicole cancalais. Elle nous fait découvrir l’ambiance de cette ville côtière vivant au gré des marrées. Cancale dépend des huîtres et des touristes qui les attirent. Il faut trouver rapidement l’origine de ce fléau. Estelle Y, policière à Saint-Malo y est dépêchée pour résoudre ce mystère aqueux.

Dynamique et pétaradante, l’auteure par les yeux de son héroïne nous dépeint une série de personnages, symboles du microcosme de cette  ville et de l’atmosphère qui y règne. Par cette galerie, les lecteurs ayant parcouru le port de la Houle, la pointe du Grouin et la plage du Verger se transposeront sans aucune difficulté dans la cité ostréicole. Ils y sentiront l’iode s’exhumant des pages et le goût de l’huître fraîchement sortie de la mer. Personnellement, comme écrit juste avant, j’ai bien ressenti cette ambiance hivernale propre à la baie du Mont Saint-Michel.

Toutefois j’ai trouvé que le rythme était lent et que l’intrigue tirait trop en longueur se terminant par un dénouement brutal. En somme c’est un roman qui se lit pour l’ambiance et non son intrigue. Le roman aurait gagné à être plus court. Conclusion : oui pour l’ambiance et les paysages, non pour l’intrigue policière.


Cédric Beucher


De l’art d’être parent aujourd’hui

18 février 2015

De l’art d’être parent aujourd’hui. «Réflexions très courtes » de Cédric Beucher en vue de la préparation des documents établis dans les paroisses à la demande du Vatican pour le second synode sur la famille.

Je n’interrogerai pas le mot PARENT. Je livrerai simplement en quelques lignes mon sentiment et mon expérience de très très jeune parent sur la société actuelle. J’examine cette situation avec lucidité et réalisme pour éviter toute déconvenue.

Avoir un enfant est pour certain une grâce divine. Je n’en sais rien. Certes quand il est très attendu, il peut-être une grâce. Mais dans les autres cas… Rien ne prépare à l’expérience d’être parent. Ni la littérature en mont, ni celle en aval. C’est l’expérience du forgeron qui bâtit un parent. La parentalité est construite comme le dernier sanctuaire du bonheur moderne auquel il ne faut pas toucher. Tout le monde abonde de conseils mais chaque naissance est unique et chaque relation enfant / parent l’est aussi. La mièvrerie et les conseils de bon aloi sont les ennemis du jeune parent même si ceux qui les prodiguent ont de bonne intentions mais l’enfer en est pavé.

Être parent, c’est mourir pour renaître. Oublier le couple (pour un temps) et naître comme une famille. La recomposition (comme les nouvelles familles d’aujourd’hui) n’est pas forcément chose aisée. Le temps est le « notre meilleur ami » et les aides extérieures sont parfois les plus efficaces que celles intérieures (sa propre famille notamment : cf l’idée sur les conseils évoquée plus haut).

Avoir un enfant a une dimension symbolique forte. C’est changer d’étape et construire une relation longue et éprouvante. Construire avec de l’humain, c’est aussi accepter de lâcher prise. Et c’est éprouvant, voir angoissant, dans une société du contrôle perpétuel où l’excellence est érigée comme valeur suprême.

Je ne veux pas être destructeur mais lucide. Arrêtons d’enjoliver la natalité et la parentalité. Affirmons que c’est un état angoissant et éprouvant. C’est une fois cette base posée qu’il sera possible de construire des parents responsables et aimants envers leur descendance.

En effet, être parent, c’est accompagner. Être le tuteur, guider. Accepter que malgré toute l’instruction et l’éducation que l’on peut donner, l’enfant, l’adolescent puis l’adulte, est un sujet libre en devenir. Nous le sommes tous d’ailleurs jusqu’à notre mort. L’enfant peut tout à fait décider d’aller à l’encontre de tout ce que les parents lui auront transmis. Mais, in fine, si c’est son bonheur, acceptons le !

Pour conclure ces quelques « réflexions très courtes », je dirais qu’être parent n’est pas une sinécure. Faire des enfants ne doit pas être un acte de reproduction biologique ou sociale. Il faut être prêt pour soi, pour le couple et non pour les autres. L’autre (la famille) ne peut être aidant que s’il s’incorpore dans un processus de transmission. Le parent y trouvera alors une aide. Si non, mieux vaut que la famille reste éloignée. C’est une aventure, un marathon humain (encore que la marathon ait une distance limitée : 42 kms et des poussières). Être parent, c’est prendre un chemin dont on ignore la distance à parcourir et où se trouve l’arrivée (même si les outils de guidage peuvent être puissants).

Cédric Beucher


L’Immeuble Yacoubian d’Alaa al-Aswany

28 mai 2014

L’immeuble Yacoubian est un roman écrit en 2002 par Alaa El Aswany, son premier. Rapidement, ce livre devient un succès dans le monde arabe et il est rapidement traduit. Cet ouvrage a faut l’objet d’une adaptation cinématographique éponyme en 2006 réalisée par Marwan Hamed. Son adaptation rapide traduit sa popularité. L’immeuble Yacoubian est le parfait échantillon de la société égyptienne. Toutes les classes s’y retrouvent : des résidents bourgeois anciens ou parvenus aux locataires misérables vivant sur la terrasse de l’immeuble. C’est par cette variété que l’auteur illustre les mœurs de la société égyptienne de la seconde moitié du 20ème siècle (après la révolution de Nasser). Le roman se structure comme une saga autour de plusieurs personnages centraux. Leurs histoires structurent le texte. Le livre n’a pas réellement un fil conducteur. C’est par cette saga que l’auteur choisit les problèmes qu’il souhaite traiter.

Il y dépeint les relations entre les grands et les petits, les affaires de corruption pour ouvrir une affaire ou la « participation directe » des dirigeants de l’État dans ces mêmes affaires. Il évoque également le positionnement de la femme et son attitude « à tenir » face à la sexualité. Il parle de cette morale à géométrie variable qui amène dans certains cas à la réprobation ou parfois, quand nécessité fait loi, à une permissivité implicite extrême. L’homosexualité est également abordée. Cachée et réprouvée dans certains cas, elle est jugée permise ou tolérée si l’homosexuel occupe une place importante et fait vivre beaucoup de monde. Autre point intéressant : l’illustration des mouvements islamistes égyptiens et le cheminement d’un citoyen qui finira martyr. Son cheminement renvoie aux situations modernes dans lesquelles des personnes désœuvrées ou en échec peuvent se retrouver embrigadées.

Ces thèmes mettent en situation parfaitement la morale des sociétés méditerranéenness (et pas que…) et ses contradictions. Tout s’apprécie selon le contexte. L’auteur, par l’histoire de ses personnages, analyse avec finesse et justesse cette société. J’ai particulièrement apprécié ce point. Cette saga m’a renvoyé à une lecture plus ancienne : celle de cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez, décédé récemment. Dans ce dernier ouvrage et dans un autre contexte, la saga des personnage, en l’absence d’une trame romanesque, se suffit à elle-même évolutions se suffisent à elles-mêmes. J’ai retrouvé cette sensation à la lecture de l’immeuble Yacoubian.

Je dirai pour conclure que l’immeuble Yacoubian ouvre avec finesse plusieurs fenêtres sur divers thèmes de société communs à toute la société arabe. Ne jugeant pas, l’auteur les décrit avec finesse tout en mettant en évidence leurs contradictions. La lecture de cet ouvrage conduit à une perception des mœurs des sociétés arabes, égyptiennes en particulier, et amène le lecteur à une meilleure compréhension des différences bordant les deux rives de la méditerranées.

Cédric BEUCHER


Ma lecture de BDs numériques

27 mai 2014

Comme dans un précédent billet où j’abordais dans un panorama général mes pratiques liées à la lecture numérique, j’ai décidé de rédiger un article consacré à mon expérience de lecture de la bande-dessinée numérique. Je vais pour cela reprendre le même cheminement que pour la musique numérique et les livrels à savoir : les formats de fichiers, la recherche de fichiers, l’indexation,  les logiciels de traitement, les dispositifs de lecture et les logiciels dédiés.

Les formats de fichiers

Historiquement, la BD numérique était l’affaire de « passionnés » qui découpaient des ouvrages physiques page par page pour les numériser. A la sortie, le lecteur dispose soit d’un ensemble de fichiers « image » (une page donne une image) ou d’un fichier pdf si les auteurs ont eu la gentillesse de compiler l’ensemble des pages. Naturellement, cette pratique ne se trouve pas dans le domaine gratuit ou public…

Le plus souvent, les bds numériques sont dans des formats .cbz ou .cbr. Tous deux sont dérivés du format de compression .rar et sont les deux extensions sont les plus communes de BD numériques (avec le pdf). Il s’agit dans les faits d’un format de compression permettant d’assembler en un seul et unique fichier un ensemble d’images.

A noter enfin la présence de fichiers epub dans certains cas. Ce format, et ses déclinaisons successives, est le plus courant dans les livrels pour l’interopérabilité d’un document quel que soit son support de lecture, son système d’exploitation et son logiciel de lecture. En ce sens, l’epub va plus loin que le fichier pdf. Cette dernière remarque est naturellement à discuter dans les commentaires.

La recherche de fichiers

La BD numérique gratuite ou libre existe. Personnellement, j’ai constitué un corpus avec l’aide de mes amis Google et Exalead (patriotisme numérique oblige). Je vous invite à saisir dans Google l’équation suivante : filetype:.cbz + »[titre de l'album recherché"]. Naturellement il y a aussi des sites comme The Digitam Comic Museum qui mettent à la disposition de l’internaute une multitude de bandes-dessinées gratuitement. Les sites de partage de liens peuvent être également d’excellentes sources. Des services comme Pearltrees ou Reddit peuvent être très pertinents. Il suffit de rentrer l’extension du fichier (.cbr ou .cbz par exemple) dans le moteur interne du site ou des tags des services concernés.

Une autre piste à ne pas négliger pour la constitution d’un corpus est celle des services de streaming de lecture. Moins utilisés, ces services peuvent toutefois rassemblés quelques opus intéressants. Ils permettent à des auteurs de s’auto-publier. Ces services, moyennant de la publicité dans leur version gratuite, permettent l’envoi d’un fichier dans le cloud et ensuite, après traitement, assurent une mise en page « augmentée » du document transféré. Prenons pour exemples les services tels que Calaméo, Youblisher ou Issuu. Il y en bien d’autres…

Il existe aussi des sociétés, qui proposent moyennant un abonnement, un accès à des catalogues de BDs extrêmement riches en streaming. C’est le cas d’Izneo.

L’indexation

A titre personnel, j’ai utilisé le service en ligne BDvore pour indexer mon corpus. Après création du compte (accès sécurité par la suite), vous avez la possibilité d’indexer des séries complètes ou bien d’isoler les albums de série en votre possession. Le service dispose d’une base de données très riche et la majeure partie des grandes séries s’y trouve. Le moteur interne du site propose aussi une aide à la saisie très pratique. L’autre point qui est pour moi important est la possibilité d’exporter sa collection. Deux choix nous sont proposés : un export excel (avec tous les traitements possibles par la suite) et un état pdf mis en forme permettant l’établissement d’un document assez professionnel. Si le résultat est esthétiquement bon, la taille du fichier généré est importante. Un exemple ici. Attention ! Le fichier fait 60 Mo. Votre internaute risque de perdre patience… Le site propose enfin de partager sa collection sur les réseaux sociaux comme les incontournables Facebook et Twitter.

Il y a aussi des logiciels comme BD Gest permettant de gérer sa collection adossé au service web du même nom. Peut-être le plus connu des bdvores, le site BD-thèque est aussi une référence. La bande-dessinée est souvent qualifiée de neuvième art. Les sites d’actualités sont donc pléthores et les possibilités de récupérer des données formatées importantes. J’ai cité un service en ligne et un logiciel spécifique pour gérer des collections de BDs. Il existe en outre des logiciels plus génériques de gestion de livres : Tellico, Livrothèque ou l’excellent Calibre (très complet mais complexe à prendre en main).

Les logiciels de traitement

Personnellement, je pense qu’il est préférable d’optimiser tout son corpus aux formats .cbz et .cbr. Comme le pdf, il existe des logiciels de lecture de ces formats pour tous les systèmes d’exploitation et tous les supports. Évoquons le vif du sujet. J’ai traité tous mes fichiers uniquement sous Windows avec les logiciels gratuits ou libres suivants :

  • Comic Book Archive Creator (2,64 Mo) est un gratuiciel permettant la compilation d’un ensemble de fichiers image en un fichier .cbr. Son intérêt réside dans le fait que souvent les bandes dessinées numériques ont autant de fichiers que de pages numérisées. In fine, les rassembler en un seul document s’avère très pratique. C’est l’objet de ce logiciel. Il est tout à fait possible d’imaginer une série en plusieurs tomes en un seul et unique fichier. Personnellement, je préfère un fichier pour un tome. Cela est pour moi plus commode pour gérer une collection importante.
  • Cbr-converter est un logiciel libre sous licence GNU GPL v3 permettant la conversion des fichiers pdf en .cbz ou .cbr. Comme indiqué juste au-dessus, j’ai fait le choix (à discuter dans les commentaires de ce billet : pour ou contre ?) de convertir mon corpus dans les formats .cbr ou .cbz. Ce logiciel m’a permis de traiter les fichiers pdf en les convertissant dans le format désiré.

Les dispositifs et les logiciels de lecture dédiés

Il est possible aujourd’hui de lire de la BD numérique sur tous les dispositifs : ordinateur fixe ou portable, tablette, smartphone et liseuse. Naturellement à chaque support correspond ses spécificités de lecture et logiciels spécifique.

1) Évacuons en premier lieu la liseuse

Ces dispositifs, « à encre numérique », lisent en grande partie des fichiers epub. Leur intérêt vient de leur autonomie : en moyenne un mois. Toutefois les fichiers sont affichés en noir et blanc ce qui est limité pour apprécier de la BD. A ma connaissance, seule la Kobo Aura HD permet de lire les fichiers .cbr ou .cbz et .epub naturellement. Son rétroéclairage permet une lecture la nuit en abimant moins les yeux que l’éclairage d’une tablette ou d’un smartphone. Naturellement la durée de la batterie s’en trouve réduite.

2) Les tablettes et les smartphones

Pour les dispositifs fonctionnant sous Android, j’utilise l’application gratuite Perfect Viewer disponible sur Google Play. Cette application permet de visualiser sa collection dans une bibliothèque comme Ibooks. Les albums peuvent être classés également dans des dossiers : pratique pour les séries. Ils peuvent être lus en mode portrait et paysage. Une brique logicielle a ajouté permet également la lecture de fichier pdf. J’ai testé la lecture de Bds sur une tablette 8 pouces Samsung Galaxy Tab 3 et sur un smartphone Samsung Galaxy Note 3. Lire sur un écran couleur est déjà un régal. Je pense qu’il faut disposer au minimum d’une diagonale d’écran de 6 pouces. Il faut privilégier le mode paysage pour jouir d’une lecture optimale.

Concernant les dispositifs sous Ios, j’ai testé la lecture de BDs numériques avec un Ipad 2. Là, j’avoue que rien n’égale la qualité matérielle de « la pomme ».  La qualité de l’écran donne un confort de lecture inégalable et sa diagonale permet une lecture en mode portrait comme une vraie BD. Le pied ! ou plutôt, plein les yeux !

3) Pour les ordinateurs, il faut raisonner selon le système d’exploitation présent sur la machine :

  • Pour Windows, j’utilise le logiciel Honeyview qui permet une lecture plein écran. Assez simple à manipuler, il remplit ce pourquoi il est fait. Il est possible aussi d’utiliser un visionneur de fichiers pdf qui lit les fichiers .cbr : Sumatra PDF.
  • Pour Mac OS, j’utilise le logiciel ComicFlow qui est aussi une visionneuse d’image. Même propos que sur Ipad, les écrans de « la pomme » expriment ici toute leur capacité.
  • Pour Linux, j’utilise le logiciel libre Comix. Comme Honeyview, il remplit ce pourquoi il est fait : la lecture simple des bandes-dessinées numériques.

Naturellement ce panorama de mon expérience de lecture dédié à la BD numérique est loin d’être exhaustif. N’hésitez donc pas à le compléter en laissant des commentaires à ce billet.

Cédric Beucher

Verbicide : Du bon usage des cerveaux humains disponibles de Christian Salmon

24 août 2013

Veribicide - du bon usage des creveaux humains disponibles

Le temps du récit est révolu, le temps de l’anecdote est venu (après les attentats du 11 septembre 2001). Christian Salmon, dans cet essai Verbicide – du bon usage des cerveaux humains disponibles, édition actualisée paru chez Actes Sud en 2007, présente sa réflexion sur l’introduction du storytelling dans la communication actuelle. Le storytelling est la discipline (ou outil) qui consiste à raconter des histoires ou à transformer tout type de message en histoire. Dans cet ouvrage, il montre comment sa mise en œuvre dans tous les pans de la vie quotidienne du citoyen ordinaire influe et modifie son comportement. Il le démontre par les prismes de la linguistique, de l’organisation et de la construction des messages créés et diffusés par les médias (TV, radio, internet, etc), de la censure subie et construite par l’individu lui-même,  et les politiques culturelles mises en œuvre par les différents échelons de l’état.

Il parle de mise en avant du « je ». Les réseaux sociaux nous facilite d’autant plus la tâche : Facebook, Twitter, Pinterest, Foursquare, Flickr, Instangram, Tumblr, etc. Un concept était apparu ces dernières années : celui du personal branding. Il est fait de soi l’une marque. Concept construit dans un premier temps pour l’univers professionnel (voir à ce sujet l’ouvrage d’Olivier Zara : Réussir sa carrière grâce au personal branding : Gérer son identité et sa réputation professionnelles [1]), il s’étend désormais à la sphère personnelle.

Il démontre que, dans une société où tout s’accélère, le temps consacré à l’abstraction devient nul. L’homme vis à présent dans un monde d’anecdotes immédiates sans la présence du recul symbolique nécessaire pour en percevoir leurs portées. L’individu devient fournisseur de données brutes sans prendre la mesure de ce qu’il diffuse et de la valeur ajoutée de ces données (recul sur ce qui est communiqué). Ce « je » ou le renforcement de notre ego, face à un environnement socio-économique méprisant de plus en plus la personne, répond à cette soif de reconnaissance à laquelle tout à chacun inspire (pyramide de Maslow).

Il aborde également la diminution drastique du langage utilisé. Il ne faut pas nier son évolution. Le dernier ouvrage d’Eric Orsena, La fabrique des mots, dans son chapitre 14, « Où l’on reçoit de la visite, peut-être même des renforts, l’illustre parfaitement (lecture estivale:-)) [2]. Toutefois la diminution du nombre de mots utilisés entraîne une absence de réflexion du citoyen car le nombre d’outils mis à sa disposition pour exprimer sa pensée est d’autant plus réduit. Il insiste surtout sur la construction volontariste de cette régression.

Je cite l’ouvrage d’E.Orsena :

« Les bons dictionnaires racontent la vie de chaque mot….
- et avec tous ces mots, tu peux construire les histoires que tu veux. Comme un maçon.Tu imagines quelle maison folle il pourrait bâtir avec tant de briques. Les mots sont des briques, Jeanne, nos briques ! Les briques de nos phrases.Les briques de nos rêves. Les briques de notre fantaisie, les briques de notre espérance.

Logo du télécrochet  : Loft Story

Logo de l'émission : Loft Story

Tout en montrant les différentes censures auxquelles le citoyen est assujetti, l’auteur monde comment cette construction volontariste censure elle-même le citoyen. L’immédiateté cède la place à l’expérience. Le symbole disparaît au profit d’un « prêt à penser » élaboré savamment par ceux qui construisent une société où la réflexion et le recul n’ont plus leur place .

Cet opus est en conclusion, une alerte, où par le truchement du storytelling, le citoyen n’est plus acteur de la société mais consommateur des données qu’on lui donne au biberon.

Cédric Beucher

Bibliographie :

[1]
E. Orsenna, La fabrique des mots. Paris: Stock, 2013.
[2]
O. Zara, Réussir sa carrière grâce au personal branding: gérer son identité et sa réputation professionnelles. Paris: Eyrolles, 2009.


La Fabrique du Crétin : La Mort Programmée de l’école de Jean-Paul Brighelli

2 janvier 2013

La rentrée scolaire traduit la fin de l’été. Tous les médias nous assènent en ce début du mois de septembre de tous les sujets possibles et inimaginables sur l’école : son rythme, la gestion du stress des élèves, etc.

J’avais envie ici d’évoquer dans cette période une lecture estivale (réalisée pendant les vacances) d’un essai de Jean-Paul Brighelli intitulé : la Fabrique du Crétin : la mort programmée de l’école. Fréquemment, il est coutume de dire que le système scolaire français est mauvais. Cette affirmation est prouvée dans les enquêtes internationales notamment l’enquête PISA réalisée par l’OCDE. Cet essai montre de manière réfléchie que le système n’est pas le coupable. Il est un outil. Ceux qui le manient depuis une trentaine d’année le démontent sciemment pour produire un peuple où la critique est nulle. C’est un argumentaire dénonçant l’ensemble des mesures successives qui ont conduit l’école dans sa situation et surtout que c’est une démarche consciente et volontaire d’abrutissement de la population.

L’auteur, Normalien et agrégé de Lettres, est lui même un acteur du système. Il parle donc en connaissance de cause. Il détermine quelques grands thèmes macro et micro, fondements de son raisonnement :

Les causes exogènes :

  • une élite dirigeante désirant des individus simples à manipuler. C’est bien connu ! Plus le peuple est instruit, plus il prend en main son destin,
  • un marché économique ne voulant pas d’une main d’œuvre qualifiée mais spécialisée, des travailleurs sans conscience sociale où la revendication est inexistante,
  • le lobbying des industriels auprès des autorités scolaires en insistant sur l’intérêt (pédagogique) mercantile de tel outil dans l’apprentissage,

Les causes endogènes :

  • la ghettoïsation et l’absence d’élévation de niveau dans les établissements localisés dans les zones difficiles (étude de la culture de sa cité par exemple, où sont les penseurs ou les grands classiques de la littérature) ?
  • une pédagogie plaçant l’enfant au centre de son apprentissage, l’enseignant n’étant qu’un accompagnant ou un guide (lire à ce sujet l’ouvrage de Rachel Boutonnet : journal d’une professeure clandestine précédemment commenté dans le blog),
  • la « technicisation » des savoirs où les concepts deviennent des mots abscons pour le commun des mortels,
  • l’apparition de disciplines rendues obligatoires pour lesquelles les enseignants ne sont pas formés,
  • la massification de l’accès aux diplômes : 80% d’une classe d’âge au bac et plus récemment 50% d’une classe d’âge au niveau licence (plan Pécresse),
  • Mise en place du socle commun de connaissances et  de compétences où le savoir n’est plus noté mais les compétences,
  • les sorties, objets de mode dans et entre les établissements (dévoreuse de temps à organiser) et où les responsabilités reposant sur les accompagnants deviennent accablantes (exemple : autorisation parentale requise pour mettre de la Biaphine à un enfant atteint d’un coup de soleil, etc.),

Chaque item fait l’objet d’une mise en situation et est argumenté de manière efficace avec des exemples concrets. L’auteur invite les penseurs et les acteurs du système  « à un retour en arrière » non emprunt d’une nostalgie passée ou réactionnaire mais simplement à des méthodes efficaces et éprouvées qui dans le passé ont donné de bons résultats.

Conclusion : son essai dévoile les causes endogènes et exogènes de l’état actuel de l’école. Au lieu d’être un réquisitoire à charge, il diagnostique les cause de cet échec pour mieux les résoudre. En bref, il ne s’agit pas d’un énième ouvrage réactionnaire mai d’une mise en exergue des raisons pour inviter les concepteurs du système éducatif (ensemble de tous les acteurs) à réfléchir à une école qui n’oublie aucun de ses usagers.


Cédric Beucher

Le noeud de vipères de François Mauriac

2 janvier 2013

François Mauriac, dans son Nœud de Vipères, nous livre la confession d’un patriarche avar – Louis – d’une famille bourgeoise de la belle époque. Il, à l’aube de sa mort, écrit une confession – un journal intime de sa vie ? - y décrivant tous les stratagèmes pour déshériter ses enfants. L’argent est l’élément catalyseur. Il y est dépeint surtout les relations humaines entre ce vieillard, sa femme et sa descendance.

François Mauriac, avec un style percutant, dépouille de manière acide les sentiments de ses protagonistes : l’avarice de Louis, son machiavélisme et celui de ses enfants, la religion (alibi obligé et garant d’une respectabilité). Il parle de « devoirs » et « d’obligations ». D’autres y verront un refuge face aux difficultés de la vie (abandon, décès, etc.). Le silence où l’amour est oublié au profit d’une vénalité. Ce silence où rien ne se dit : aucun sentiment ne se partage. Et pourtant l’amour se fraye un passage dans le cœur de Louis, ce nœud de vipères, vers un neveu et fils illégitime qui, il l’espère, rachètera la conduite de ses enfants.

La fin du livre montre le revirement de Louis. Ses enfants, Louis et Geneviève, héritent ou plutôt leur père capitule et abandonne la fortune familiale, fruit d’un labeur savamment acquis. Si certains y verraient la grâce tombant comme une auréole sur Louis, ses enfants s’interrogent si cela n’est pas l’ultime stratagème d’un vieillard mourant. La toute fin du livre est un échange de correspondance entre les deux enfants : Louis et Geneviève. Louis découvre la confession intime de son père et l’envoie à sa sœur comme témoignage de la cruauté de son père et de l’image de ces enfants.

Ce roman narre tout simplement l’homme avec ses faiblesses. Dans un roman court, l’auteur nous renvoie notre propre image sans aucune déformation : noire, acide et profondément vraie. Son style m’a transporté et est une invitation à lire son roman d’une traite. J’apprécie cette description sombre de l’homme souvent cachée ou déformée dans nos sociétés (il rejoint la perception d’Emil Cioran sur l’homme) . Il a l’intensité des luttes que l’on peut voir entre des enfants quand des parents disparaissent. L’héritage devient l’élément catalyseur. Les vraies personnalités émergent. Et la nature reprend ses droits !

Le Noeud de Vipères est profondément français, humain et moderne.


Cédric Beucher

Journal d’une institutrice clandestine de Rachel Boutonnet

20 septembre 2012

L’Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) a remplacé au début des années 90 l’Ēcole Normale. Mais est-ce une école normale ? Pour rappel, les IUFMs forment

Couverture du livre du Journal dune institutrice clandestine de Rachel Boutonnet

les professeur(e)s des écoles (les ancien(ne)s instits), les professeur(e)s certifié(e)s (les enseignant(e)s du secondaire) et les agrégé(e)s. Cet institut, en deux ans, prépare lors de la première année au concours. Les lauréat(e)s du concours deviennent alors stagiaires et passent en seconde année pour affronter leur stage et devenir « titulaire ». D’autres peuvent directement arriver en seconde année ayant passé le concours « en candidat libre ».

Dans son ouvrage, Journal d’une institutrice clandestine, Rachel Boutonnet, traite de son année de stage à l’IUFM dans un carnet de bord, un journal intime : témoin et confident de tous ses maux et émotions. Elle y dépeint une institution à double discours. D’un côté celui fondé sur les sciences de l’éducation où tout un vocabulaire technique et savant s’est construit, qui rend celui qui le maîtrise, « formateur/expert ». De l’autre celui qui ignore la réalité d’un terrain et qui pense que toute vérité se construit non pas par l’expérience mais par le fruit d’une pseudo-science évoquée juste avant. Ainsi elle déclare : « Je me trouve pour un an dans le bastion de la peur et de la haine du savoir, de l’ignorance fière d’elle-même et arrogante. Le credo est ici : « Moins on sait, plus on est intelligent et mieux on sait ce qu’est apprendre et enseigner ». On oublie que les verbes « apprendre et enseigner » sont transitifs. Cette phrase me fait penser à une expression utilisée autrefois pour qualifier l’institution militaire – la grande muette – . Elle s’applique aux deux protagonistes (les formés et l’institution) : les formés contraints à un mutisme forcé et l’institution qui refuse de réfléchir sur son essence propre face aux critiques des personnes qu’elle prépare.

Elle évoque dans son journal le combat d’une année entre son désir de rester elle-même et de faire part de ses idées dans un débat constructif et le refus net de l’institution et de ses représentants de toute discordance par rapport à la doctrine officielle. Toute rébellion est une remise en cause de la titularisation (entrée dans la fonction publique). Elle y dit que l’institution se centre sur la forme et non  le fond et ne communique pas aux stagiaires les éléments qui leur permettront d’aborder leurs premières années d’enseignement.

Parmi les morceaux choisis dont ce livre regorge, j’en ai retenu quelques un que je vous livre ici :

  • « Qu’il faut savoir imposer des connaissances, mais « qu’argumenter est aussi fondamental ». Elle (une enseignante)  explique que « les enfants sont d’autant plus enclins à écouter qu’on aura respecter leur besoin de bouger »,
  • « Selon la façon dont on traite le sujet, on peut en effet susciter l’intérêt et ainsi motiver les enfants. Il est important aussi que les enfants élaborent eux-mêmes la trace écrite qu’il auront à retenir ».

Ces citations illustrent le principe que l’enfant est au centre de l’apprentissage et que tout se construit autour et avec lui… Les tenants de cette approche moderne, ces chercheurs en pédagogie, oublient qu’une évaluation centrée sur les compétences et non sur les savoirs engendre des situations d’échecs tragiques. Naturellement, ces citations sont extraites du contexte et devraient être remises dans leur situation d’origine. Toutefois elles éclairent à mon sens ce que l’Ētat, le Marché – malgré un discours positiviste permanent – souhaite pour sa jeunesse.  Je vous invite à lire ici l’essai intéressant de Jean-Paul Brighelli : la fabrique du crétin ou la mort programmée de l’école.

L’auteur fait preuve d’une maturité impressionnante aussitôt l’obtention de son concours. Son journal, dans des mots simples, fait transpirer ses gouttes de souffrance entre sa conception de ce que devrait être le métier et la vision idéaliste institutionnelle. Cette schizophrénie est toujours présente tout au long de son année.

La seconde partie du livre – après celle du journal  – est un ensemble de réponses issues de la réflexion de Rachel Boutonnet aux énormités entendues à l’IUFM.

La dernière partie du livre est celle de ses trois premières années d’enseignement où elle relate notamment son expérience d’apprentissage de la lecture à des élèves de CP. « Clandestinement », elle acquiert des ouvrages sur ses deniers propres pour combler les lacunes de certains de ses « apprenants ». Or pendant un remplacement, un inspecteur découvre la chose et lui décoche un rapport cinglant lui signifiant durement les erreurs de ses choix, la fraude contre la doctrine institutionnelle le tout allant à l’encontre selon l’inspecteur des apprenants.

Pour conclure, loin d’être réactionnaire, cet ouvrage est la réflexion mature d’une professeur sur sa formation avant son départ dans les écoles. Elle y dénonce l’hypocrisie entre la liberté pédagogique de l’enseignant et l’invitation d’adhésion à la doctrine institutionnelle voulue par les formateurs des IUFMs. Il ne s’agit pas d’une charge mais d’une réflexion à repenser la formation des professeurs. Un témoignage ahurissant expliquant en partie le niveau intellectuel de la jeunesse actuelle. Je tiens tout de même à préciser que ce livre a été écrit il y a une dizaine d’années. Depuis les IUFMs ont été intégrés dans les Universités. Pour passer le concours, un postulant doit être titulaire d’un master en enseignement (niveau bac+5) contrairement à une licence auparavant (niveau bac+3). Certains y voient des mesures d’économie : précarisation des statuts par la constitution d’un vivier important de contractuels. Gageons que ces changements offriront aux individus se destinant aux métiers de l’enseignement une formation repensée et des personnes heureuses de construire un peuple sensé et critique avec une conscience politique.

Cédric Beucher


Ma musique numérique

19 juillet 2012

L’évolution n’est plus en marche. Elle est présente et continue. Pour la première fois en 2013, la vente de musique dématérialisée a dépassé la vente de musique physique en chiffre d’affaires (l’Ordinateur individuel, juin 2013). Ce constat traduit un changement des pratiques d’écoute.

Le cri d’alarme des maisons de disque sur le piratage et le téléchargement d’adolescents boutonneux revêt plus de l’hypocrisie et du maintien d’un monopole existant : le refus d’un nouveau modèle économique à inventer.

Dans la biographie consacrée à Steve Jobs parue JC Lattès en 2011, Walter Isaacson écrivait en citant le créateur d’Apple sa philosophie de foyer numérique. Il s’agit de l’idée ou de la convergence des médias en un point d’accès central dans le domicile de l’utilisateur : l’ordinateur auquel viennent se connecter une multitude de terminaux.

Musique numérique ou dématérialisée signifie en premier lieu le passage d’un support physique en un support numérique. Pour être plus précis, il s’agit du passage d’un signal analogique à un signal numérique par acquisition et encodage.

Ce billet n’a pas pour vocation de traiter de la genèse de la musique numérique même si quelques éléments historiques viendront le ponctuer. J’aborderai ici ma pratique de la musique numérique selon l’ordre suivant :

  • la recherche,
  • le traitement,
  • l’indexation,
  • l’écout,
  • et la notation/recommandation.

La recherche

Tout d’abord, découvrons de nouvelles pépites. Pour trouver, il faut veiller. La veille n’est pas seulement électronique. La présence de nombreux titres de la presse musicale dans les bibliothèques publiques (Diapason, Vibrations, Rock and Folk, etc.) dans tous les styles garantit un apport certain. Il existe une presse musicale gratuite et accessible dans les enseignes culturelles. Chaque grande enseigne dispose de sa propre revue. Je tiens également à évoquer une revue des musiques du monde se nommant Mondomix. Éditée en version papier et distribuée dans les grandes enseignes culturelles, elle a son pendant numérique sur le site web : Mondomix.org sur lequel il est possible de télécharger le fichier pdf de la revue.

Il existe aussi des professionnels du disque dans les bibliothèques municipales : les discothécaires. Même si la notion d’écoute reste subjective (comme la notion de beauté), ces professionnels opèrent des sélections par genre et/ou époque. Comme les bibliothèques sont nombreuses, le champs des possibles s’élargit d’autant plus. Il ne faut pas oublier également les bibliothèques musicales des autres échelons territoriaux et la Cité de la Musique à Paris. Citons ainsi l’initiative de la bibliothèque municipale de Toulouse et son site dédié à la musique : Bibliozik. Il est possible d’y trouver différentes sélections issues du catalogue et surtout de localiser le document désiré.

A cela s’ajoute dans ma quête de découvertes la sélection mensuelle de FIP Radio et la sélection musicale des clefs de Télérama. N’oublions pas enfin les outils numériques : les site d’écoute musicale en ligne comme Deezer qui propose des fonctions de type « Artisites similaires ». Vous écoutez A, vous aimerez probablement B. Un autre site repéré par Christohpe Deschamps, auteur du blog Outils Froids et d’ouvrages comme le Nouveau Management de l’information chez Eyrolles,  me sert beaucoup pour élargir mon horizon musical. Ce site se nomme Tuneglue. Ce site est basé sur un algorithme puisant ses données dans Amazon et Last.fm. Quand vous rentrez sur le site, vous saisissez le nom d’un interprète. Puis vous cliquez sur la bille « expand ». Cette fonction revient à dire que si vous écoutez A (vous l’avez saisi dans le champs de recherche, ne l’oubliez pas !), vous aimerez B. En affinant les paramètres de recherche, il est possible de saisir des critères d’élasticité ce qui équivaut à dire au système de communiquer des résultats proches de sa requête basée sur les similarités proposées par Amazon et Last.FM.

Par ailleurs, il existe spécialité d’informations musicales où nombre de chroniques de disque sont présentées : site de revues, blogs et forums. Avec l’indexation de fils RSS proposés par ces sites et un bon lecteur de fils (personnellement, j’utilise RSSOWL), cela constitue un moissonnage automatique de l’actualité du secteur.

Il ne faut pas oublier enfin les réseaux sociaux dédiés tel Ping d’Apple (accessible depuis Itunes). Un des plus anciens est Myspace de Microsoft où tout nouvel artiste se lançant doit figurer.Ces réseaux proposent eux aussi des fils qu’il est possible d’indexer dans un lecteur et le moissonage se fait automatiquement.

Une nouvelle pratique est récemment apparu (deux à trois ans d’existence tout de même) qui est est celle du crowdfunding musical. En quoi cela consiste-il ? Des sites spécialisés se sont créés, afin de passer outre les majors ou les circuits traditionnels de production, pour proposer à l’internaute de devenir en quelque sorte actionnaire de l’artiste qui demande à être produit. Après l’écoute des morceaux mis à disposition par l’arsiste, l’utilisateur place une somme d’argent sur ce dernier. Dès que le montant fixé est atteint (ou si ses morceaux dépassent un certain nombre d’écoutes (marché possible), l’artiste est produit et son album est diffusé. L’internaute est alors rétribué, comme tout actionnaire, sur le chiffre d’affaire réalisé par l’artiste (vente d’albums, concerts, produits dérivés, etc.) ou alors la rétribution est plus « éthique » (places de concert offerte, photos dédicacées, etc.). Cette nouvelle forme « de risques partagés » permet de lancer de nouveaux talents avec comme exemple emblématique : My Major Company avec Irma (Letter to the world) et Grégoire. Cette pratique du crowdfunding se développe dans d’autres domaines : projets humanitaires, culturels, etc. (Ulule, KissKissBank).

Le traitement

Le passage d’un signal analogique à un signal numérique passe par une étape d’encodage. Pour cela, il convient de compresser le signal ou dans le jargon « ripper » un support. Il existe bon nombre d’encodeurs comme de formats de fichiers son une fois le signal numérique obtenu. Pour un aperçu des formats de fichier son existants, cet article de Wikipedia les décrit très bien. Il existe de nombreux outils logiciel. Personnellement, j’utilise Cdex.

Logo du projet Cdex

Logo du projet Cdex

Un autre plus simple est Itunes, plus lourd certes mais d’une simplicité enfantine. Le support est insété et l’encodage se fait automatiquement. Pour citer à nouveau le Patron d’Apple et un vieu slogan de la firme à la pomme : « rip, mix and burn ». Nous avons vu qu’il existait de nombreux formats de fichiers son. Pour passer d’un format à un autre, il existait des logciels payants. Désormais il existe des logiciels gratuits. Citons Format Factory pour le passage d’un format à un autre. Ce logiciel est une sorte de couteau suisse pour le passage de formats. Ce soft n’est pas seulement valable pour le son. Il traite aussi la vidéo et les images. Nous assistons également actuellement à l’arrivée de la musique HD. Le HD existait déjà mais la taille des fichiers était extrêment importante. L’appartion de nouveaux algorithmes de compression rend désormais compatible la qualité sonore avec les appareils nomades (principaux usages de la musique désormais : voir début de billet). Il convient simplement que les nouveaux codecs associés soient embarqués dans les nouveaux dispositifs.

Je ne rentre pas ici dans un traitement fin du son comme la notion d’échantillonage. Il existe des sites ou des blogs dédiés très précis.pour les utilisateurs plus exigents ou désireux de pousser plus en avant cette question.

L’indexation

Une fois l’encodage effectué, il faut alimenter les métadonnées des fichiers musicaux. Que sont les métadonnées ? Le fichier musical est le fichier brut. Les métadonnées ou tags sont des informations texte décrivant le fichier : auteur, genre, titre de la chanson, album, année, jaquette de l’album, etc. Renseigner ces données permet une indexation améliorée et des possibilités de traitement fines par la suite. Je vous rassure. Il exsiste des logiciels d’automatisation de tags allant récupérer les informations sur des bases de données de tags comme Amazon, freedb, Gracenote ou Musicbrainz. Citons MP3Tag (logiciel gratuit et propriétaire) qui permet de compléter les tags. Un traitement fin des métadonnées suppose inéluctablement une intervention humaine après le passage du logiciel.

Nous sommes à présent avec un ensemble de fichier musicaux où les métadonnées sont complètes. Il existe de nombreux gestionnaires de fichier musicaux. Certains sont des gestionnaires purs comme MPEG Audio Collection (logiciel libre de base de données avec requête et export de résultats possibles). D’autres sont des logiciels de lecture avec des fonctionnalités fines (listes de lecture intelligente, musique par humeur, musique par genre, les chansons les mieux notées, les plus écoutées, etc.). Nous pouvons citer ainsi Itunes, Mediamonkey, Songbird, Clementine ou Amarok (les trois derniers étant libres).

L’écoute

Les logiciels d’écoute sont légion. Ils vont du simple « player » comme Zinf ou VLC aux logiciels dits intelligents comme Itunes, Songbird, etc. Les premiers permettent de lire un ou un ensemble de fichiers. Les seconds permettent des options de lecture fines telles que évoquées plus haut. Attention ! Compte tenu de la multiplcité des formats déjà cités, différents logciels d’écoute peuvent être requis. Pour pallier à cette difficulté, des paquets de codecs peuvent être ajoutés (ex : K-Lite) au système d’exploitation pour lire tous les formats même si certains peuvent tout lire comme VLC.

L’écoute avec des logiciels dédiés suppose naturellement d’avoir les fichiers embarqués sur un support de lecture. Avec l’apparition du « Cloud Computing ou informatique dans les nuages », cette restriction saute. La musique en streaming constitue aujourd’hui un nouveau modèle économique pour tous les ayants droit de la chaîne musicale. Citons des sites comme Last.fm, Deezer, Spotify, Grooveshark, Musicme, etc. Ils offrent la possibilité à l’utilisateur d’accéder à une bibliothèque musicale illimitée (tout dépend des contrats entre les « majors » et les sites) moyennant une simple connexion internet. Si cetains sites limitent l’écoute à une durée fixe dans un laps de temps donné ou par session, d’autres offrent la possibilité d’une écoute en continu tout en insérant de la publicité entre les morceaux pour se financer.

La notation / La recommandation

Comme déjà évoqué, certains logiciels offrent l’ensemble des fonctionnalités relevant du découpage ici évoqué. Itunes répond à toute cette chaine de traitement. L’utilisateur peut dans l’interface d’Itunes noter ses morceaux, de générer des listes de lecture et de recommander ces coups de coeur via un réseau social dédié comme Ping. Il ne faut pas passer sous silence les fonctionnalités de partage sur les réseaux tel que Facebook et

Twitter (eux-même à monitorer car ils constituent une source d’informations privilégiables). La mention « j’aime /i like » de Facebook par exemple donne une idée de l’appréciation d’un artiste, d’une chanson ou d’un album. Les commentaires laissés également sur les sites sont des indicateurs d’appréciation forts.

Et un mot sur la musique libre

La notion de musique libre induit de nombreux usages comme le logiciel libre au sens de la Free SoftWare Fondation (FSF). Des sites se sont spécialisés dans la mise à disposition de corpus de musiques libres. Citons par exemple Dogmazik ou Jamendo. L’utilisateur est invité toutefois à regarder la licence pour les morceaux. Elles peuvent varier d’un fichier à l’autre et limiter pour certains leurs usages. Ces sites permettent, dans la majorité des cas (hors cas commerciaux), de s’approprier les médias et de les diffuser sur différents supports. Ces sites se financent soit par la mise à disposition de concerts qu’un auditeur peut « emporter » sur un média amovible moyennant une rétribution ou bien par la mise à disposition de fichiers avec une meilleure définition. D’autres comme

Borne Automazic Médiathèque Simone de Beauvoir de Romans - Photo de Joël Garnier

Borne Automazic Médiathèque Simone de Beauvoir de Romans - Photo de Joël Garnier

Dogmazik proposent la location de bornes dans des espaces collectifs (bibliothèques ou autre) tout en mettant en forme le contenu proposé où l’utilisateur vient télécharger des morceaux en opérant une sélection comme sur un site de e-commerce et il repart avec sa sélection sur un média amovible.

Cédric Beucher


De la lecture imprimée à la lecture tapuscrite ou numérique

17 mai 2012

Le web a introduit une révolution dans les usages. Si certains demeurent encore attachés au papier pour leur relation avec le support physique ou la seule beauté de l’objet, la dématérialisation a permis de démultiplier les supports de lecture et donc a bouleversé les usages de la lecture. Feu Steve Jobs avait déjà eu une révélation à ce sujet en obtenant une copie numérique de l’intégralité des œuvres de Shakespeare établie une par une université anglaise et surtout le droit d’utiliser cette version en l’implémentant dans chaque ordinateur MAC dans les années 80 moyennant rétribution sur chaque machine vendue à l’université qui avait numérisé les œuvres (In Steve Jobs de Walter Isaacson).

J’ai donc, malgré les nombreux sites et blogs traitant de la question, décidé de parler dans ce billet de mon rapport à la lecture et surtout des nouveaux usages effectifs que j’entretiens avec le livre et désormais les livrels (contraction de Livres Électroniques : merci les québécois).

Il me paraît bon de décrire brièvement mon rapport à la lecture. Je dois avouer que la lecture dans ma jeunesse ne fut pas mon fort. En raison d’absence de facultés d’abstraction (notamment la possibilité de « mentaliser » des histoires à partir de textes imprimés donc sans images), j’ai dévoré durant mon adolescence des tonnes et des tonnes de bandes dessinées. C’est cet apport qui a nourri d’ailleurs notamment ma culture générale grâces à des séries historiques : les albums d’Alix de Jacques Martin (pour le scénario et le dessin) et Vasco de Gilles Chaillet (pour le scénario). En grandissant et la maturité se faisant, la joie de se projeter est venue et alors l’allégresse de la lecture a pris son envol.

Le premier point consiste donc à récupérer des livres. Sans livres, point de lecture. Ces livres sont souvent accessibles car ils appartiennent au domaine public, sont libres de droits ou éventuellement gratuits (attention ! Ce n’est pas la même chose : les premiers voient leurs astreintes aux droits patrimoniaux révolues, les seconds sont soumis aux droits d’auteur (moraux et patrimoniaux) même si le prix fixé pour leur obtention est nul, spécificité du droit d’auteur français) .

Étant un être nomade et souvent connecté (je n’ai pas de connexion Facebook ouverte en permanence), la multiplication des supports et l’adoption d’un format standard (le .epub) pour les livrels a rendu la lecture numérique plus aisée et surtout interopérable d’un dispositif à un autre. Cela n’a pas toujours été le cas. Mais il ne faut pas résumer la lecture « tapuscrite » à la seule lecture sur des terminaux mobiles. La lecture à l’écran d’un ordinateur constitue en soi déjà une forme de lecture numérique.

Avant l’adoption du format standard évoqué ci-dessus, mes pérégrinations télématiques m’ont fait comprendre que les premiers formats des livrels étaient des .doc, .txt, .rtf ou pdf (le format propriétaire d’Adobe Systems considéré comme le plus interopérable). Citons ainsi et sans être exhaustif les bibliothèques électroniques suivantes ou les projets suivants :

Pour de plus amples bibliothèques, une liste est accessible depuis mon wiki de liens et sa section « ebooks and co ».

Il faut donc pour lire un livrel au minimum un ordinateur  avec un système d’exploitation et des logiciels pour visionner les fichiers. Pour les fichiers .txt, .rtf et/ou .doc, une suite bureautique comme Libre Office peut faire l’affaire. Cette suite est accessible sur tous les systèmes d’exploitation du marché : propriétaire ou pas. Pour les fichiers pdf, un logiciel libre tel Okular peut faire l’affaire. La lecture de fichiers .pdf est native sous Mac OS.

PalmOne-Lifedrive

PalmOne-Lifedrive

Par la suite sont intervenus les premiers terminaux mobiles comme le Palm (fabricant de produits du même nom) et le Pocket PC. N’ayant pas connu le premier, je parlerai du second. J’ai eu le plaisir de manipuler deux Pocket PC fabriqués par Asus fonctionnant sous Windows CE (le portage de Windows sur ces terminaux) tout en y implémentant différents logiciels de lecture car les fichiers disponibles en livrels possèdaient des formats divers comme le le .lit de Microsoft pour Microsoft Reader.

La plus belle performance (certes qui ne représente aucun intérêt au sens pratique) fut la lecture de Dracula de Bram Stocker au format .txt sur Game Boy Advance SP en flashant le système d’exploitation de la machine pour émuler les fichiers txt (pouvoir jouer et lire en même temps sur le même terminal, quel plaisir!).

Deux écoles s’affrontent pour la lecture d’ouvrages numériques sur les terminaux

Asus Mypal 620BT
Asus Mypal 620BT

mobiles : l’usage de tablette numérique avec un écran rétroéclairé ou l’usage de liseuses numériques simulant un livre papier avec l’encre e-link. Dans le premier cas, la tablette n’est pas seulement destiné à la lecture de livrels mais peut assumer toutes les activités multimédia classiques et la navigation sur le web. La seconde nature de terminaux est elle destinée à la lecture seule. La technologie e-link ou familièrement « encre numérique » permet une autonomie nettement plus accrue. Comparée à une technologie fondée sur des cristaux liquides, le e-link se base sur un écran assemblant des billes à deux faces (blanc et noir) se retournant à la lecture des balises contenues dans le fichier .epub (un xml dérivé). Cette astuce permet de pas utiliser d’énergie à l’inverse des cristaux liquides qui s’allument et s’éteignent et donc sont plus gourmands en énergie. Dans ce secteur, les fabricants les plus connus sont Amazon avec son Kindle (et ses dérivés),  Sony, Kobo, et  dédicace spéciale au « Made In France » au fabricant français Bookeen et ses gammes de produits (Odyssey, Orizon et Opus). Les premières liseuses ne contenaient pas de connexion comme le wifi et/ou la 3G. Les nouvelles liseuses intègrent désormais ces technologies et permettent en situation de mobilité d’accéder à des bibliothèques en ligne (souvent liées à des vendeurs d’ouvrages en ligne), de télécharger des ouvrages gratuits ou d’accéder aux bibliothèques numériques évoquées plus haut. Il est possible également d’ajouter ses propres bibliothèques en ligne si ces dernières offrent aux usagers les services du protocole ODPS (ce dernier permet d’obtenir ainsi les derniers ouvrages ajoutés, les plus vus, les plus lus, un tri par catégories, etc.).

Concernant les tablettes, la lecture native des livrels n’est pas opérante. Deux systèmes d’exploitation se partagent le gâteau en ce qui concerne les tablettes : Ios d’Apple (système propriétaire de la firme à la pomme) pour Ipads et consorts et Androïd (système propriétaire toutefois libre (Android est un dérivé de Linux allant plus dans la philosophie de l’Open Source que du « logiciel libre » au sens de la Free Sofware Fondation) par Google pour les autres terminaux d’autres fabricants.

Logo du système Android

Logo du système Android

Pour lire des livrels, comme indiqué plus haut, des logiciels de visualisation sont nécessaires. Nous passerons sur la multiplicité des logiciels existants pour lire des livrels sur un ordinateur. Il existe autant de logiciels spécifiques que de formats existants de livrels comme il existe des logiciels pouvant lire plusieurs formats à la fois. Trois autres données sont à intégrer pour le choix d’un logiciel:

  • le caractère libre, gratuit ou payant du logiciel de lecture (la majorité reste gratuit),
  • le système d’exploitation devant accueillir le logiciel (Windows, Mac OS, Linux, etc.). Tous les logiciels ne sont pas systématiquement porté sur tous les systèmes d’exploitation,
  • le choix des formats supportés.

Personnellement, j’utilise le logiciel de gestion de livrels : Calibre. Ce dernier crée une base de données des livrels contenus sur votre support en les indexant à partir des métadonnées contenues dans les livrels (auteur, titre, genre, etc.). Le logiciel est libre, est porté sur tous les OS existants (il existe même une version mobile pouvant être installé sur un support amovible, les livrels devant être sur le même support naturellement). Pour compléter ce bref descriptif, je vous invite à vous rendre sur la page officielle du projet pour découvrir ce logiciel. En complément de Calibre, j’utilise un second logiciel écrit en Java (donc interopérable sur tous les systèmes) se nommant Calibre2OPDS. Ce dernier permet d’exporter le contenu de sa base de données de livrels gérée par Calibre en utilisant les métadonnées pour créer un catalogue html ou OPDS des livrels existants sur le disque de la machine et de transférer sur un serveur distant (catalogue et fichiers à discrétion de l’utilisateur…).

Sur les supports mobiles, le plus simple est de traiter la question des logiciels de lecture sur Ios. Outre le fait qu’une fois dans l’écosystème d’Apple, il faut nécessairement passer par Itunes pour pouvoir transférer tout type de fichier dont les livrels. Cela contraint l’utilisateur à posséder un ordinateur avec Windows ou Mac OS. J’atténuerai toutefois ce propos en signalant que des développeurs ont créé des alternatives à «  l’écosystème d’Apple » en codant des programmes permettant de s’affranchir d’Itunes. Citons ainsi Yamipod. Pour les logiciels fonctionnant sur Ios, et sans être exhaustif (les commentaires sont les bienvenus), nous pouvons lister les suivants (ceux tout du moins que j’ai manipulés, logiciels gratuits) :

  • Ibook (le logiciel dédié d’Ios dévolu à la lecture de livrels),
  • Stanza (logiciel dédié à la lecture de livrels supportant plusieurs formats),
  • Kindle d’Amazon (logiciel dédié à la lecture de livrels au format propriétaire d’Amazon (le..azw) et directement dédié à sa boutique en ligne).

Il existe naturellement des logiciels payants plus performants.

Sous Android, la question est plus complexe. Naturellement, il existe cette division entre gratuit et payant, le payant offrant plus de fonctionnalités que le gratuit (ou la même chose la publicité en moins…). Il serait intéressant de lister tous les logiciels existants mais d’autres l’ont déjà fait. Je renvoie ici à un article publié sur un blog numérique Booquineo listant une flopée de logiciels dédiés à la lecture numérique sous Android et leurs spécificités. Outre ce premier aspect, l’intérêt d’Android est son caractère «ouvert ». Il est devenu ainsi l’un des systèmes les plus portés sur différents types de dispositifs : téléphone portable, tablette 7 et 10 pouces, etc.

Si nous venons de traiter de la lecture numérique et de ses aspects techniques, il est intéressant de décrire en quelques lignes l’expérience « utilisateur » et ses plus qu’apporte la lecture numérique par rapport à un ouvrage papier. En premier lieu, la lecture d’un ouvrage numérique, et sans être exhaustif, permet :

  • changer la police et la taille de police ,
  • passer d’un ouvrage à un autre et de conserver le dernier ouvrage lu à la page (pour chaque livre ouvert),
  • représenter sa bibliothèque de manière graphique et avoir la possibilité de trier les ouvrages par titre, auteur, etc.
  • ajouter autant de signets que l’on souhaite,
  • possibilité d’opérer toutes les recherches et tous les traitements voulus sur le texte écrit (nombre d’occurrences d’un mot par exemple),
  • chercher la définition d’un mot ou d’une expression directement sur Internet la majorité des appareils étant connectés désormais,
  • faire part de ses découvertes, coups de cœur et/ou coups de gueule avec les fonctions de « partage » vers les réseaux sociaux tels Facebook et/ou Twitter ou des réseaux dédiés comme Babelio.

Personnellement, je voudrai parler de Babelio. J’ai découvert ce réseau social de lecture et/ou de lecteurs car il était interfacé avec le site de la Bibliothèque Municipale de Toulouse. A l’instar des clubs de lecteurs physiques, ces réseaux et Babelio en particulier, assure le prolongement d’une lecture « enrichie » évoquée dans les items ci-dessus. Après création d’un compte (comme tout service web), vous ajoutez les ouvrages que vous avez lus et y publiez vos critiques et notes. Le système, à la manière d’Amazon, vous signale de nouveaux ouvrages selon les principes suivants :

  • vous avez lu ce livre, vous aimerez peut-être,
  • vous avez regardé la bibliothèque de tel lecteur, vous pouvez consulter la bibliothèque de tel autre,
  • vous avez regardé les ouvrages de tel auteur, vous aimerez les ouvrages de celui-ci,
  • Un tel a regardé votre bibliothèque, tel autre lecteur est susceptible de la regarder,
  • etc.

Ces fonctionnalités de recommandations permettent d’étendre le champ des possibles en matière de lecture tout en s’affranchissant des contraintes physique de lieu et de temps. Ces réseaux ont en outre un nombre considérable d’ouvrages dans leur base de données. Le nombre de relations possibles est donc infini, les chemins de lecture et les rencontres de lecteurs également. Dans le monde anglophone, il existe des services similaires à Babelio. Nous pouvons citer : Readmill et Copia.

Une autre pratique émergente à la confluence du numérique et du livre papier est à évoquer : celle du « bookcrossing ». Comment cela fonctionne-il ? Vous lisez un ouvrage. Vous le référencez sur le site et vous le remettez impérativement « en circulation » après sa lecture. Où ? N’importe où : dans un avion, sur une chaise dans une station de métro. Le livre devient alors un bien commun. Tous les livres alors référencés sur un site de bookcrossing appartiennent à une bibliothèque universelle. Le lecteur suivant reprend alors les références du livre et enregistre sur le site le lieu où l’ouvrage a été récupéré. Ainsi, si vous avez des vieux ouvrages chez vous dont vous souhaitez vous débarrasser, inscrivez-les sur un site de bookcrossing et observez le voyage planétaire que le livre accomplit. Vous serez surpris des résultats…  Citons par exemple le site Bookcrossing.com.

Ce billet est donc un panorama de mon expérience personnelle autour du numérique en relation avec le livre, du livre numérique et des dispositifs et logiciels dédiés. Naturellement, ce qui est décrit peut être partial. C’est pour cela que vous êtes invité(e)s à interagir en laissant des commentaires.

Cédric Beucher