L’évolution n’est plus en marche. Elle est présente et continue. Pour la première fois en 2013, la vente de musique dématérialisée a dépassé la vente de musique physique en chiffre d’affaires (l’Ordinateur individuel, juin 2013). Ce constat traduit un changement des pratiques d’écoute.
Le cri d’alarme des maisons de disque sur le piratage et le téléchargement d’adolescents boutonneux revêt plus de l’hypocrisie et du maintien d’un monopole existant : le refus d’un nouveau modèle économique à inventer.
Dans la biographie consacrée à Steve Jobs parue JC Lattès en 2011, Walter Isaacson écrivait en citant le créateur d’Apple sa philosophie de foyer numérique. Il s’agit de l’idée ou de la convergence des médias en un point d’accès central dans le domicile de l’utilisateur : l’ordinateur auquel viennent se connecter une multitude de terminaux.
Musique numérique ou dématérialisée signifie en premier lieu le passage d’un support physique en un support numérique. Pour être plus précis, il s’agit du passage d’un signal analogique à un signal numérique par acquisition et encodage.
Ce billet n’a pas pour vocation de traiter de la genèse de la musique numérique même si quelques éléments historiques viendront le ponctuer. J’aborderai ici ma pratique de la musique numérique selon l’ordre suivant :
- la recherche,
- le traitement,
- l’indexation,
- l’écout,
- et la notation/recommandation.
La recherche
Tout d’abord, découvrons de nouvelles pépites. Pour trouver, il faut veiller. La veille n’est pas seulement électronique. La présence de nombreux titres de la presse musicale dans les bibliothèques publiques (Diapason, Vibrations, Rock and Folk, etc.) dans tous les styles garantit un apport certain. Il existe une presse musicale gratuite et accessible dans les enseignes culturelles. Chaque grande enseigne dispose de sa propre revue. Je tiens également à évoquer une revue des musiques du monde se nommant Mondomix. Éditée en version papier et distribuée dans les grandes enseignes culturelles, elle a son pendant numérique sur le site web : Mondomix.org sur lequel il est possible de télécharger le fichier pdf de la revue.
Il existe aussi des professionnels du disque dans les bibliothèques municipales : les discothécaires. Même si la notion d’écoute reste subjective (comme la notion de beauté), ces professionnels opèrent des sélections par genre et/ou époque. Comme les bibliothèques sont nombreuses, le champs des possibles s’élargit d’autant plus. Il ne faut pas oublier également les bibliothèques musicales des autres échelons territoriaux et la Cité de la Musique à Paris. Citons ainsi l’initiative de la bibliothèque municipale de Toulouse et son site dédié à la musique : Bibliozik. Il est possible d’y trouver différentes sélections issues du catalogue et surtout de localiser le document désiré.
A cela s’ajoute dans ma quête de découvertes la sélection mensuelle de FIP Radio et la sélection musicale des clefs de Télérama. N’oublions pas enfin les outils numériques : les site d’écoute musicale en ligne comme Deezer qui propose des fonctions de type « Artisites similaires ». Vous écoutez A, vous aimerez probablement B. Un autre site repéré par Christohpe Deschamps, auteur du blog Outils Froids et d’ouvrages comme le Nouveau Management de l’information chez Eyrolles, me sert beaucoup pour élargir mon horizon musical. Ce site se nomme Tuneglue. Ce site est basé sur un algorithme puisant ses données dans Amazon et Last.fm. Quand vous rentrez sur le site, vous saisissez le nom d’un interprète. Puis vous cliquez sur la bille « expand ». Cette fonction revient à dire que si vous écoutez A (vous l’avez saisi dans le champs de recherche, ne l’oubliez pas !), vous aimerez B. En affinant les paramètres de recherche, il est possible de saisir des critères d’élasticité ce qui équivaut à dire au système de communiquer des résultats proches de sa requête basée sur les similarités proposées par Amazon et Last.FM.
Par ailleurs, il existe spécialité d’informations musicales où nombre de chroniques de disque sont présentées : site de revues, blogs et forums. Avec l’indexation de fils RSS proposés par ces sites et un bon lecteur de fils (personnellement, j’utilise RSSOWL), cela constitue un moissonnage automatique de l’actualité du secteur.
Il ne faut pas oublier enfin les réseaux sociaux dédiés tel Ping d’Apple (accessible depuis Itunes). Un des plus anciens est Myspace de Microsoft où tout nouvel artiste se lançant doit figurer.Ces réseaux proposent eux aussi des fils qu’il est possible d’indexer dans un lecteur et le moissonage se fait automatiquement.
Une nouvelle pratique est récemment apparu (deux à trois ans d’existence tout de même) qui est est celle du crowdfunding musical. En quoi cela consiste-il ? Des sites spécialisés se sont créés, afin de passer outre les majors ou les circuits traditionnels de production, pour proposer à l’internaute de devenir en quelque sorte actionnaire de l’artiste qui demande à être produit. Après l’écoute des morceaux mis à disposition par l’arsiste, l’utilisateur place une somme d’argent sur ce dernier. Dès que le montant fixé est atteint (ou si ses morceaux dépassent un certain nombre d’écoutes (marché possible), l’artiste est produit et son album est diffusé. L’internaute est alors rétribué, comme tout actionnaire, sur le chiffre d’affaire réalisé par l’artiste (vente d’albums, concerts, produits dérivés, etc.) ou alors la rétribution est plus « éthique » (places de concert offerte, photos dédicacées, etc.). Cette nouvelle forme « de risques partagés » permet de lancer de nouveaux talents avec comme exemple emblématique : My Major Company avec Irma (Letter to the world) et Grégoire. Cette pratique du crowdfunding se développe dans d’autres domaines : projets humanitaires, culturels, etc. (Ulule, KissKissBank).
Le traitement
Le passage d’un signal analogique à un signal numérique passe par une étape d’encodage. Pour cela, il convient de compresser le signal ou dans le jargon « ripper » un support. Il existe bon nombre d’encodeurs comme de formats de fichiers son une fois le signal numérique obtenu. Pour un aperçu des formats de fichier son existants, cet article de Wikipedia les décrit très bien. Il existe de nombreux outils logiciel. Personnellement, j’utilise Cdex.
Logo du projet Cdex
Un autre plus simple est Itunes, plus lourd certes mais d’une simplicité enfantine. Le support est insété et l’encodage se fait automatiquement. Pour citer à nouveau le Patron d’Apple et un vieu slogan de la firme à la pomme : « rip, mix and burn ». Nous avons vu qu’il existait de nombreux formats de fichiers son. Pour passer d’un format à un autre, il existait des logciels payants. Désormais il existe des logiciels gratuits. Citons Format Factory pour le passage d’un format à un autre. Ce logiciel est une sorte de couteau suisse pour le passage de formats. Ce soft n’est pas seulement valable pour le son. Il traite aussi la vidéo et les images. Nous assistons également actuellement à l’arrivée de la musique HD. Le HD existait déjà mais la taille des fichiers était extrêment importante. L’appartion de nouveaux algorithmes de compression rend désormais compatible la qualité sonore avec les appareils nomades (principaux usages de la musique désormais : voir début de billet). Il convient simplement que les nouveaux codecs associés soient embarqués dans les nouveaux dispositifs.
Je ne rentre pas ici dans un traitement fin du son comme la notion d’échantillonage. Il existe des sites ou des blogs dédiés très précis.pour les utilisateurs plus exigents ou désireux de pousser plus en avant cette question.
L’indexation
Une fois l’encodage effectué, il faut alimenter les métadonnées des fichiers musicaux. Que sont les métadonnées ? Le fichier musical est le fichier brut. Les métadonnées ou tags sont des informations texte décrivant le fichier : auteur, genre, titre de la chanson, album, année, jaquette de l’album, etc. Renseigner ces données permet une indexation améliorée et des possibilités de traitement fines par la suite. Je vous rassure. Il exsiste des logiciels d’automatisation de tags allant récupérer les informations sur des bases de données de tags comme Amazon, freedb, Gracenote ou Musicbrainz. Citons MP3Tag (logiciel gratuit et propriétaire) qui permet de compléter les tags. Un traitement fin des métadonnées suppose inéluctablement une intervention humaine après le passage du logiciel.
Nous sommes à présent avec un ensemble de fichier musicaux où les métadonnées sont complètes. Il existe de nombreux gestionnaires de fichier musicaux. Certains sont des gestionnaires purs comme MPEG Audio Collection (logiciel libre de base de données avec requête et export de résultats possibles). D’autres sont des logiciels de lecture avec des fonctionnalités fines (listes de lecture intelligente, musique par humeur, musique par genre, les chansons les mieux notées, les plus écoutées, etc.). Nous pouvons citer ainsi Itunes, Mediamonkey, Songbird, Clementine ou Amarok (les trois derniers étant libres).
L’écoute
Les logiciels d’écoute sont légion. Ils vont du simple « player » comme Zinf ou VLC aux logiciels dits intelligents comme Itunes, Songbird, etc. Les premiers permettent de lire un ou un ensemble de fichiers. Les seconds permettent des options de lecture fines telles que évoquées plus haut. Attention ! Compte tenu de la multiplcité des formats déjà cités, différents logciels d’écoute peuvent être requis. Pour pallier à cette difficulté, des paquets de codecs peuvent être ajoutés (ex : K-Lite) au système d’exploitation pour lire tous les formats même si certains peuvent tout lire comme VLC.
L’écoute avec des logiciels dédiés suppose naturellement d’avoir les fichiers embarqués sur un support de lecture. Avec l’apparition du « Cloud Computing ou informatique dans les nuages », cette restriction saute. La musique en streaming constitue aujourd’hui un nouveau modèle économique pour tous les ayants droit de la chaîne musicale. Citons des sites comme Last.fm, Deezer, Spotify, Grooveshark, Musicme, etc. Ils offrent la possibilité à l’utilisateur d’accéder à une bibliothèque musicale illimitée (tout dépend des contrats entre les « majors » et les sites) moyennant une simple connexion internet. Si cetains sites limitent l’écoute à une durée fixe dans un laps de temps donné ou par session, d’autres offrent la possibilité d’une écoute en continu tout en insérant de la publicité entre les morceaux pour se financer.
La notation / La recommandation
Comme déjà évoqué, certains logiciels offrent l’ensemble des fonctionnalités relevant du découpage ici évoqué. Itunes répond à toute cette chaine de traitement. L’utilisateur peut dans l’interface d’Itunes noter ses morceaux, de générer des listes de lecture et de recommander ces coups de coeur via un réseau social dédié comme Ping. Il ne faut pas passer sous silence les fonctionnalités de partage sur les réseaux tel que Facebook et
Twitter (eux-même à monitorer car ils constituent une source d’informations privilégiables). La mention « j’aime /i like » de Facebook par exemple donne une idée de l’appréciation d’un artiste, d’une chanson ou d’un album. Les commentaires laissés également sur les sites sont des indicateurs d’appréciation forts.
Et un mot sur la musique libre
La notion de musique libre induit de nombreux usages comme le logiciel libre au sens de la Free SoftWare Fondation (FSF). Des sites se sont spécialisés dans la mise à disposition de corpus de musiques libres. Citons par exemple Dogmazik ou Jamendo. L’utilisateur est invité toutefois à regarder la licence pour les morceaux. Elles peuvent varier d’un fichier à l’autre et limiter pour certains leurs usages. Ces sites permettent, dans la majorité des cas (hors cas commerciaux), de s’approprier les médias et de les diffuser sur différents supports. Ces sites se financent soit par la mise à disposition de concerts qu’un auditeur peut « emporter » sur un média amovible moyennant une rétribution ou bien par la mise à disposition de fichiers avec une meilleure définition. D’autres comme
Borne Automazic Médiathèque Simone de Beauvoir de Romans - Photo de Joël Garnier
Dogmazik proposent la location de bornes dans des espaces collectifs (bibliothèques ou autre) tout en mettant en forme le contenu proposé où l’utilisateur vient télécharger des morceaux en opérant une sélection comme sur un site de e-commerce et il repart avec sa sélection sur un média amovible.
Cédric Beucher